Prise de recul sur mes expériences professionnelles

Bonsoir à toutes et à tous.

Je dis « bonsoir » car j’écris cet article en pleine nuit, ne parvenant pas à trouver le sommeil. En partie parce que j’ai l’esprit pollué par un bon nombre de pensées parasites, notamment en ce qui concerne mes expériences professionnelles passées et ma situation professionnelle actuelle (et à venir).

Les débuts

J’ai commencé en tant que développeur informatique embarquée en octobre 2012 alors que je sortais de l’université avec une licence professionnelle en poche. Ma première expérience, au sein d’une start-up, a duré exactement trois ans et j’en garde globalement un très bon souvenir.

C’est par la suite que les choses ont commencé à se gâter. En effet, durant ces trois ans, j’ai été habitué à un cadre de travail très flexible et motivant, avec des patrons qui respectaient leurs employés et étaient très transparents sur les activités de l’entreprise. Et comme il s’agissait de ma première véritable expérience professionnelle (en tant que développeur), lorsque j’ai quitté la boîte au bout de trois ans, je me disais que j’avais des chances de tomber sur une entreprise comme celle-là.

La désillusion

La recherche d’un nouvel emploi a été un vrai choc culturel avec le monde des SSII. Elles sont partout, si bien qu’elles représentent la quasi-totalité des entreprises dans les salons de recrutement, et si vous avez le malheur de poster votre profil sur un site de recrutement, même seulement quelques heures, vous pouvez être sûr(e) que vous serez démarché(e) par des SSII pendant au moins un an. La raison à cela est que ces entreprises ratissent les sites de recrutement, récupèrent des CV « au cas où » et les conservent dans leur base de données jusqu’au jour où elles auront besoin de profils à présenter à leurs clients. Cela peut être dans l’immédiat comme dans six mois, mais il m’est arrivé de passer un mois voire un mois et demi à ne traiter quasiment que des candidatures de SSII.

Et finalement, je peux compter seulement deux expériences très très courtes avec des SSII mais qui m’ont tellement dégoûté d’elles que j’ai tendance à les éviter et à faire le mort sur les réseaux sociaux et les sites de recrutement.

La première m’a expédié en mission dans une boîte qui se situait à 2 heures de transport de mon domicile… J’ai bien évidemment fait la grimace mais j’ai finalement accepté parce que le poste semblait convenir à mes attentes, a priori. Malheureusement, la fatigue des transports et l’ambiance clairement déshumanisante de la boîte ont fait qu’après deux mois et demi je ne tenais plus du tout le rythme, j’ai perdu toute motivation et la mission s’est arrêtée là. Et pour celles et ceux qui ne sont pas encore au courant, une fin de mission signifie généralement chômage. Une SSII ne vous paiera jamais à ne rien faire, à moins qu’elle dispose de tâches à vous proposer en interne, ce qui est rarement le cas.

La deuxième expérience fut tout aussi aberrante et beaucoup plus courte. J’ai accepté d’être placé en pré-embauche dans une start-up via une SSII. Le souci, c’est que cette dernière m’a survendu en faisant miroiter à son client un expert en sécurité informatique qui pourra lui fournir une solution miracle (ou « un mouton à cinq pattes », dans le jargon). Le client voulait que je lui conçoive une solution d’échange sécurisé de fichiers. Un genre de MEGA ou de WeTransfer, mais avec le nom de sa boîte dessus et uniquement réservé à ses clients.

Qu’on se le dise, je n’ai clairement pas la prétention de réinventer ça et je me suis retrouvé très embêté au vu de la demande, et davantage en voyant les exigences aberrantes du client (par exemple, il voulait que l’on puisse chiffrer un fichier et le transmettre simplement par e-mail, sans avoir à faire d’échange de clés avec l’interlocuteur…) et ses tentatives désespérées de maîtriser du vocabulaire technique (« le design de l’interface est pas mal mais est-ce que tu pourrais faire en sorte qu’elle soit un peu plus HTML ? »).

L’expérience a duré seulement trois semaines, qui auront suffi au commercial qui m’a placé là pour prendre la tangente et au client pour me dire sans détour qu’il s’attendait à mieux vu le prix que je lui coûtais… Personnellement, le prix que je lui coûte ne me regardait pas étant donné que j’étais payé à un salaire normal, et quand bien même, je n’aurais rien pu y changer.

Sans parler du fait que, pour une raison étrange, je ne parvenais pas à m’intégrer à l’équipe. C’est la seule fois où ça m’est arrivé et même eux ne parvenaient pas à expliquer pourquoi.

Coup de grâce

Après cela, j’ai décidé de couper court avec les SSII et je me suis essentiellement concentré sur les start-ups, ayant plus d’expérience dans ce milieu. Et j’ai découvert que, contrairement à ce que j’ai pu croire, ce milieu ne prémunit pas contre les abus…

Alors que j’envisageais à moitié de me lancer dans la création d’une entreprise, j’ai été contacté par une start-up qui recherchait un profil comme le mien. Le cadre de travail semblait avenant et je ne voyais aucune raison de me méfier. Les premières semaines se sont donc déroulées assez sereinement mais j’ai finalement été confronté au très gros problème de cette boîte : son patron (techniquement, ils étaient deux mais l’un commandait clairement plus que l’autre).

Je n’entrerai pas dans les détails ici, ce serait trop long à expliquer. Je dirai seulement que l’ambiance était très toxique, avec une direction qui n’a aucune espèce de confiance ni de reconnaissance envers les gens avec qui elle travaille, qu’ils soient employés ou sous-traitants. J’ai ressenti la fin de la période d’essai (de sept mois, quatre mois renouvelés à trois) comme une délivrance. Par la suite, ce sont mes collègues qui sont partis les uns après les autres, si bien qu’après un an il ne subsistait quasiment plus personne de l’équipe d’origine.

Une lente renaissance

Après cela, fatigué des transports en commun, j’ai recherché un boulot plus proche de chez moi et j’ai fini par trouver un poste de développeur au sein d’une petite entreprise spécialisée dans l’instrumentation scientifique. Ni SSII, ni start-up. Globalement, j’ai vécu d’assez bons moments dans cette entreprise, même si on peut reprocher beaucoup de choses à sa direction : un vieux patron et son fils, avec tous deux une vision très archaïque de la gestion d’entreprise. Les projets sur lesquels j’ai eu à travailler étaient intéressants et je regrette un peu d’avoir du partir après seulement huit mois pour suivre ma compagne, affectée dans une autre région.

Presque aussitôt, j’ai trouvé un poste dans un bureau d’études. C’était à une heure de route de mon nouveau domicile mais j’ai réussi à tenir le rythme (et j’avais de quoi m’occuper les oreilles sur le trajet). Même si je n’ai eu qu’un CDD (renouvelé à deux reprises), je suis globalement satisfait. J’ai pu apprendre beaucoup de choses, quasiment tous les collègues (une trentaine de personnes) étaient sympathiques. Cela s’est néanmoins dégradé vers la fin, alors que la boîte n’avait presque plus rien d’intéressant à me proposer. Pour cette raison, le CDD n’a pas été reconduit en CDI, la direction ne pouvant garantir de me fournir des tâches à effectuer.

Le reste

Comme cette fin de contrat est survenue juste avant l’été, j’ai préféré attendre avant de rechercher un autre poste, n’étant pas certain que ma compagne soit affectée dans les mêmes environs (ni la même région). J’en ai profité pour prendre un peu de recul sur ces six années d’expériences et pour me remettre à niveau de certaines compétences.

Je vis actuellement dans une région où les perspectives d’emploi pour mon métier sont assez faibles. À moins de viser les grandes villes. Et encore…

J’ai répondu à quelques SSII, la plupart me proposant un poste :

  • soit en dehors de ma zone de recherche : souvent à Paris ou à l’autre bout de la France, comme la région PACA, des régions loin de susciter mon intérêt (ou celui de ma compagne) ;
  • soit en dehors de mes compétences : les recruteurs ne connaissent généralement pas grand chose à la technique et vont essayer d’isoler certains mots-clés. Il suffit que vous ayez mentionné un langage, même si ce n’était que de manière anecdotique, et le recruteur vous contactera comme si vous en étiez un expert… D’autres vous contacteront carrément pour un profil qui ne vous conviendront pas du tout…

Quoi qu’il en soit, mes expériences passées m’ont marqué au point que j’ai quasiment perdu tout espoir de retrouver une entreprise où je me sentirai à nouveau bien, au point d’y évoluer pendant plusieurs années. Aujourd’hui les entreprises n’embauchent plus. Elles font appel à des sous-traitants comme des bureaux d’études ou des SSII (désormais renommées ESN, même si ça ne change rien), juste le temps d’une mission avant de vous retrouver de nouveau à la rue. Et les quelques entreprises qui embauchent encore sont désastreuses côté humain et/ou gestion d’entreprise.

En espérant trouver le sommeil et ne pas avoir gâché le vôtre.

Nicolas SAN AGUSTIN

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